Pare vapeur et lame d’air pour isolation de murs anciens ?
Comment traiter l’isolation des murs humides anciens ? Faut il installer une membrane d’étanchéité pare vapeur ? Faut-il aménager une lame d’air entre l’isolant et un mur humide ?
Murs anciens
Les murs anciens présentent souvent des remontées d’humidité par capillarité, il faut donc prendre en compte cet aspect avant d’isoler des murs en pierre. Le but est d’éviter que l’humidité ne dégrade l’isolant et développe des désordres dans la maçonnerie qui doit réguler son taux d’humidité pour fonctionner de façon équilibrée et durable, on dit que ces murs « respirent ». Une des mesures à prendre est de ne pas plaquer l’isolant aux murs. Sur les murs anciens il est difficile d’aménager une lame d’air régulière avec ossature car quand on présente le lazer sur ce type de murs irréguliers on a un point sortant où les « nez » de pierres viennent au contact de l’isolant (sans le compresser), un point entrant avec plusieurs centimètres de lame d’air et la plus grande partie du mur bénéficie d’une lame d’air variable rejoignant un point à l’autre. De plus les menuiseries guident l’implantation de la contre-cloison qui doit être parallèle à ces dernières pour conserver des encadrements réguliers, ça peut imposer un écart supplémentaire si elles ne sont pas parfaitement posées dans l’axe des murs.
Pour des murs en pierre épais l’idéal serait également de ne pas dépasser 100mm de fibre de bois pour ne pas trop décaler le point de rosée mais ce point viens en opposition avec les exigence de l’Anah pour les aides financières. Il faut alors faire un choix entre l’aspect financier et technique.
Lame d’air isolation
La question de la lame d’air est complexe et l’approche se fait au cas par cas. En premier lieu on ne peut pas dire qu’une lame d’air entre murs et isolant permette aux murs de mieux « respirer » puisqu’elle ne peux pas être ventilée pour des raisons d’isolation.
Une lame d’air entre isolant et murs est contraignante à la mise en œuvre et ne peut pas être ventilée pour ne pas diminuer l’efficacité de l’isolation, elle n’aura donc pas d’impact sur la quantité d’humidité qui devra migrer à travers la paroi pour assainir l’intérieur du mur. Sa fonction est de faire tampon et de répartir la pression de la vapeur sur le maximum de surface d’échange pour en faciliter l’évacuation en évitant d’impacter de manière trop importante et ponctuelle des points singuliers plus exposés (aux remontées capillaires par exemple). Dans la pratique avec ce type de murs irréguliers l’espace entre l’isolant et les pierre s’impose à l’implantation de l’ossature (excepté une petite surface au niveau du point sortant). Vous pouvez choisir d’assurer une lame même au niveau du point sortant mais généralement l’espace perdu est déjà perçu comme très important et la plupart des gens souhaiteront limiter la perte d’espace avec ce compromis qui représentera une bonne adaptation de la théorie vers la dimension pratique ou concrète de la rénovation. Si certains points de murs en partie supérieure sont en contact avec l’isolant il n’y aura aucun risque de moisissures dans la grande majorité des cas. Si vous avez également des remontées d’humidité par le sol il vous faut installer une semelle pour couper la capillarité. Un rail métallique supplémentaire de la largeur de l’isolant sera adapté dans la plupart des cas.
Il faut également tenir compte de la région et du climat, dans notre cas les hivers sont cléments ce qui est pris en compte dans l’approche de nos chantiers. En rénovation il faut travailler au cas par cas et ne pas hésiter à étudier la paroi dans un logiciel de calcul de point de rosée pour déterminer la meilleure solution et éviter le risque de développement fongique.
Membrane frein vapeur
Encore une fois il n’existe pas de réponse valable pour toutes les situations. La rénovation nécessite de prendre chaque cas et situation de manière unique, on ne peux pas appliquer de règle absolue comme dans le neuf qui est un contexte dans lequel on maitrise tous les paramètres annexes. Un frein vapeur amènera moins de risques qu’un pare vapeur et pourra même être intéressant dans certains cas. Mais dans le cas de murs en pierre au rdc avec remontées capillaires un frein vapeur va quand même ajouter une résistance à l’évacuation de l’humidité ascensionnelle présente dans le mur en plus grande quantité que dans le volume intérieur. Les freins vapeur n’ont pas tous les même valeurs de SD mini et maxi, il faut donc vérifier les caractéristiques du produit en fonction de la destination et du projet dans son ensemble. Même quand il est ouvert à son maximum de diffusion à la vapeur d’eau il « freine » le passage de l’humidité à travers la membrane (moins qu’un pare vapeur mais plus qu’un simple placo). Hors le but est de faciliter au maximum cette évacuation du mur vers le volume intérieur (surtout dans les cas ou l’enduit extérieur comporte du ciment). La logique est de se rapprocher du « bon sens » des anciens en introduisant des matériaux cohérents qui respectent l’existant et ne perturbent pas l’équilibre hygrométrique des matériaux traditionnels qui « respirent » de manière naturelle. D’une manière générale il n’est jamais bon de bloquer l’humidité dans les murs puisqu’elle devra ressortir d’une façon ou d’une autre. Elle empruntera alors les chemins disponibles, souvent créés par les défauts de pose de la membrane (Il est difficile de réaliser une pose parfaite en rénovation). Elle va se concentrer sur ces points particuliers et engendrera des dégâts ponctuels à long terme.
Remarques : Dans les cas ou un pare vapeur est installé il est intéressant de créer une lame d’air entre la membrane et la placo pour les réseaux afin de diminuer les traversées de la membrane et d’éviter les percements liés aux futures fixations dans le placo (étagères, appliques, meubles hauts…). Chaque défaut de pose de la membrane peut engendrer des dégâts à long terme.